mardi 27 mars 2018

Le pouvoir de la « multitude »

Comme le signale Nicolas Colin, « dans l’économie de masse, l’individu trouvait sa place dans deux univers assez précisément cloisonnés, celui de la production et celui de la consommation. Dans l’univers numérique, les frontières entre la production et la consommation se brouillent et finissent par s’estomper ». Le mouvement était amorcé depuis un certain temps dans les sociétés développées, mais l’essor du Web 2.0 a permis à l’économie collaborative de prendre, sous différentes formes, une place significative dans le paysage économique du début du XXIe siècle : « Dans l’économie numérique, les individus jouent désormais un rôle actif et central dans la création de valeur. » Crowdsourcing (production participative), crowdfunding (financement participatif) et mouvement des « communs » témoignent d’une implication de plus en plus forte des individus dans la production de biens et services. « Depuis la crise financière de 2008, les plateformes collaboratives ont pris une place croissante et durable. Elles ont favorisé le recours au travail des particuliers, à leur participation dans le développement de leur propre activité. Les contributions des individus agissent en complément des algorithmes, les nourrissent, les corrigent ou réalisent des actions propres aux humains, comme celles ayant recours à la dimension physique et corporelle, la communication interpersonnelle, mais aussi des micro-tâches qu’il sera moins coûteux de faire réaliser par des humains. »