mercredi 22 novembre 2017

Quand on aime le vin

Si les cours d'oenologie vous tentent, j'ai un petit conseil de derrière les fagots à vous donner en la matière. Il paraîtra sans doute évident à certains, mais je peux désormais dire par expérience qu'il n'est pas évident pour tous. Ayant participé à mon premier cours pas plus tard qu'hier, je vous invite à suivre les conseils de l'oenologue lorsqu'il vous invite à cette pratique un peu barbare : recracher le vin après chaque dégustation. Certains participants répugnent naturellement à recracher le vin. Non seulement cracher ne fait pas partie des bonnes manières, mais lorsque, en outre, on a payé pour déguster des vins, pourquoi faudrait-il alors les recracher ? C'est avec cette logique en tête que j'ai avalé un peu de chaque vin goûté, tout en en recrachant la plus grande partie pour faire croire que je suivais les instructions. Le compromis me semblait pertinent, sur le moment : j'affichais ainsi un comportement « professionnel », tout en appréciant une légère sensation d'euphorie. Au final, comme vous vous en doutez certainement : c'était une mauvaise idée. J'ai rapidement compris que l'analyse d'un vin devient de plus en plus difficile quand on a bu les précédents. Non seulement les saveurs finissent par se confondre, mais surtout : les effets de l'alcool ont tendance à obscurcir le jugement ! Les professionnels ont depuis longtemps découvert que s'ils avalaient chaque gorgée de vin qu'ils dégustaient, ils ne seraient rapidement plus en état de travailler. Recracher est donc une nécessité pour tout oenologue. D'autre part, il m'est apparu clair au final qu'il n'est pas vraiment nécessaire d'avaler pour pouvoir goûter pleinement un vin : en laissant le vin dans sa bouche pendant huit à dix secondes, vous pouvez l'analyser entièrement... et ce, sans avoir à vous soucier des effets de l'alcool. Mon entêtement dans le domaine a rendu assez difficile l'analyse des derniers vins, et un début de mal de tête à la fin de cette séance de dégustation. Je me console tout de même en pensant que je n'étais apparemment pas le seul à avoir eu du mal à recracher : certains autres participants avaient une tête un peu semblable à la mienne à la sortie, et ne semblaient plus aussi frais qu'au début de la séance. Pour en savoir plus, allez sur le site organisateur de ce cours d’œnologie.

mardi 21 novembre 2017

Complexité biologique et déterminisme génétique

À l'heure où le développement de la biologie commençait à vouloir rompre avec le réductionnisme moléculaire, et nous faire aborder la complexité biologique, le CCNE mettait en garde : « Le mythe du gène support du programme de la vie est tel que cela conduit à l’illusion qu’une connaissance parfaite du génome d’un individu donnerait accès à la réalité et au destin d’une personne. C’est cette image à laquelle renvoie une métaphore comme celle du « grand livre de la vie », dont il suffirait de connaître l’alphabet et la syntaxe génétique pour parvenir à l’essence de l’être. Or une telle conception est scientifiquement inacceptable et éthiquement dangereuse ». Pourtant, les prouesses techniques en matière de tests génétiques, génératrices d’une illusion de simplicité, et utilisant un langage fait de codes et de prédispositions, semblent nous entraîner du réductionnisme à un certain déterminisme, comme si nos gènes « faisaient tout » et nous affranchissaient, s’affranchissaient des relations que nous entretenons avec notre environnement, notre éducation, toute cette histoire qui fait de nous des humains. Le génome ne fixe pas notre destin, et la connaissance du génome ne nous est pas encore d’une grande utilité dans la prise en charge des maladies complexes et multifactorielles qui forment l’essentiel de la charge de santé publique dans une population vieillissante. La complexité biologique ne peut, pas plus que d’un déterminisme génétique, s’accommoder de l’idée qu’un génome standard serait définissable. Imaginer qu’il existerait un « génome normal », figé en quelque sorte lors de l’évolution de l’humain par rapport aux primates non humains, et qu’il conviendrait de préserver, est une illusion. Parler de gènes normaux et de gènes mutés est une aberration, puisque tous nos gènes, produits de cette évolution, sont, par définition, des gènes mutés. Il existe des mutations rares ou fréquentes, on parle plutôt de variants dont certains provoquent des maladies et d’autres pas.