lundi 16 octobre 2017

Zen dans les airs

Je suis zen. La semaine dernière, j'ai fait une séance de voltige aérienne dans le ciel de Albon. Et depuis, je suis nettement plus détendu. Quand je suis dans les bouchons, il me suffit de lever les yeux vers le ciel pour me souvenir des sensations que j'ai eues là-haut. Et je crois que toutes les activités un peu folles qu'on fait servent à ça, au fond : à se souvenir. A se rendre compte que d'être dans les bouchons, ce n'est pas si terrible : c'est un endroit comme un autre où vivre, après tout. Et cette prise de conscience est salutaire, surtout à une époque où il y a trop de monde partout, et les incivilités qui vont avec. Ça permet de ne pas s'égosiller inutilement contre les conducteurs qui doublent pour gagner cinq mètres, quitte à risquer un accident. Tout énervement est de toute façon inutile puisque d'une part, l'on n'a aucun moyen de réprimer le comportement du chauffard en question ; et d'autre part, même si on y parvenait, il y en aurait mille autres derrière pour faire la même chose. Du coup, il y a deux façons de vivre tous ces moments : en stressant ; ou en laissant couler. Et soyez sûrs d'une chose : mieux vaut être à votre place qu'à la place de l'autre. Croyez-bien que celui qui est prêt à grapiller deux mètres n'est pas détendu. Ça me fait penser à une étude sur les rats, qui montrait que les rats dominants mouraient plus tôt que les autres : ils étaient servis par les autres mais étaient en état de stress permanent de perdre leur place de mâle alpha. Alors si je n'avais qu'un conseil, ce serait celui-ci : laissez donc ces gens-là vivre leur vie de stress et profitez du moment. Que vous soyez dans les bouchons ou dans une file d'attente, qu'importe ? Est-ce qu'on n'est pas bien, là, à profiter du temps présent ? Et si vous souhaitez vivre un de ces moments étranges qui laisse un souvenir impérissable, je vous recommande chaudement la voltige aérienne : les sensations qu'on a là-haut sont tout simplement époustouflantes ! Tenez, je vous mets en lien le site par lequel je suis passé. Encore plus d'information sur ce ce baptême de voltige aérienne à Albon en surfant sur le site internet de l'organisateur.


mercredi 11 octobre 2017

L’identité des « groupes de pairs »

L’identité de certaines fractions des jeunes des quartiers populaires se construit par rapport aux « pairs ». De quel mode de regroupement s’agit-il ? Le phénomène des « bandes » tel qu’il existait dans les années 1960-1970 n’est plus tout à fait d’actualité. Les jeunes des quartiers font aujourd’hui l’expérience de la précarité. Dans ce contexte d’instabilité, la formation de bandes structurées n’est plus à l’ordre du jour. Les regroupements des jeunes sont la plupart du temps éphémères et fluides. Ils se font et se défont. Ce sont des groupes informels, des bandes de copains, ayant le plus souvent des trajectoires similaires concernant les difficultés scolaires. On constate en effet que le capital scolaire détenu est déterminant dans la distribution des « jeunes des cités » par rapport aux espaces des styles de vie « conformes » et « déviants » (Mauger et Ikachamene, 2003). La disqualification scolaire, en générant un sentiment d’indignité particulièrement fort, accroît les probabilités de rechercher des formes de reconnaissance alternatives, notamment auprès du groupe de pairs. Le groupe rassemble de la sorte ceux qui partagent les mêmes stigmates sociaux, culturels ou professionnels, et protège des rappels à l’ordre des diverses institutions (école, missions locales, etc.), des autres adolescents (ceux qui ont un travail, ou qui réussissent scolairement) ou des jeunes filles (que la scolarisation prolongée rend plus sensibles à la séduction qu’exerce la détention de capital culturel et/ou de capital économique). S’y bricole une identité faite de valeurs et de normes communes (musicales, vestimentaires, linguistiques, culturelles) qui valorise les solidarités locales (plus que communautaires) autour du quartier, voire même de la cage d’escalier. Ces sociabilités mouvantes sont celles de la « glande » (« tenir les murs »), de l’ennui (omniprésent dans les chansons de rap), des anecdotes cent fois racontées, déformées et amplifiées, des rumeurs, mais aussi celui d’une conscience de l’injustice nourrie par le racisme, les contrôles policiers à répétition, l’humiliation des pères. Elles sont également celles d’un monde de la débrouille quotidienne, fait de contrats d’intérim (essentiellement dans les secteurs du bâtiment, de la manutention et de la sécurité), de travail au noir et de « bizness » (terme suffisamment flou pour caractériser un ensemble d’actions qui vont de l’échange non marchand de biens contre services au recel ou au petit deal ), qui leur interdit toute rationalisation des conduites en référence à une fin future et les enferme dans la fascination de l’immédiat.