mardi 18 mai 2021

La falaise fiscale

 Le président Obama et le président Boehner auraient accepté de soutenir une modification de l'indice des prix utilisé pour ajuster les prestations de sécurité sociale en fonction de l'inflation. Un tel changement devrait donc faire partie de tout accord pour éviter de franchir la falaise budgétaire. Quelle est cette proposition? Est-ce que c'est une bonne idée?
L'idée est simple. Toutes les pensions de retraite, d'invalidité et de survivant sont ajustées chaque année pour compenser l'inflation mesurée par l'indice des prix à la consommation (IPC). Des études ont indiqué que la version particulière de l'IPC actuellement utilisé surestime quelque peu l'inflation réelle. Un indice alternatif serait plus précis et augmenterait un peu plus lentement - d'environ 3/10 de 1% de moins par an - que l'indice actuel. Dans sa forme la plus allégée, la proposition s'appliquerait aux ajustements annuels de l'inflation des prestations de sécurité sociale. Mais le swap pourrait également s'appliquer à d'autres dépenses fédérales, telles que le revenu supplémentaire de sécurité (SSI), le programme d'aide en espèces aux très pauvres, et aux dispositions de l'impôt sur le revenu des particuliers, telles que la déduction forfaitaire, les exemptions personnelles et la tranche largeurs.
Son jugement sur l'utilisation de l'indice alternatif devrait dépendre de la manière dont il est appliqué. Si la réponse est que le nouvel IPC serait utilisé uniquement pour les programmes de dépenses, mais pas pour les impôts, c'est une proposition vraiment terrible et devrait être considérée comme un "accord décisif". Si l'IPC alternatif est utilisé pour la sécurité sociale et les dispositions fiscales, il s'agit toujours d'une proposition douteuse, mais ce serait un élément acceptable d'un accord budgétaire plus large qui résoudrait les multiples incertitudes appelées «la falaise fiscale».
D'un point de vue purement technique, la plupart des analystes conviennent que l'IPC alternatif mesure mieux l'inflation que l'indice actuel pour la plupart des Américains. Qu'il s'agisse d'une meilleure mesure de l'inflation pour les personnes âgées est moins clair. Un indice de prix spécial basé sur le panier de consommation que les personnes âgées consomment en moyenne indique que les prix de ces produits augmentent en fait un peu plus vite, et non plus lentement, que l'IPC actuel. Donc, si l'on se livre à un exercice de protection des yeux verts dans lequel le seul objectif était la précision technique, le cas de l'IPC alternatif n'est pas clairement correct. L'indice spécial des prix pour les personnes âgées pourrait avoir plus de sens pour ajuster les pensions. D'un autre côté, l'indice alternatif, à croissance plus lente, pourrait avoir plus de sens lors de l'ajustement des dispositions du code des impôts qui s'appliquent aux personnes de tous âges.
Mais ce débat ne devrait pas porter sur les propriétés formelles des indices de prix. Il devrait s'agir de savoir si l'impact substantiel des modifications des pensions qui en découlent pour les retraités et les handicapés, sur le montant de l'aide disponible pour les pauvres bénéficiaires de SSI, et sur le montant des impôts que les gens paient.
L'impact de l'indice alternatif sur la sécurité sociale serait déplorable. Les petites coupes annuelles s'accumuleraient, devenant plus importantes au fur et à mesure que celle-ci figure sur les listes de prestations. Elle toucherait plus durement les personnes très âgées et les personnes handicapées de longue durée. Les personnes qui arrivent sur la liste des personnes handicapées à 40 ans perdraient presque un mois complet de prestations chaque année au moment où elles atteignent 65 ans. Il en irait de même pour les retraités à l'âge de 87 ans. La pauvreté des personnes âgées a tendance à augmenter avec l'âge. La réduction des avantages chaque année pour ceux dont la situation économique s'est le plus détériorée est perverse. Cela est vrai, que l'instrument d'une telle perversité soit ou non une amélioration «technique».
Les effets de la réduction de l'indice des prix utilisé pour mettre à jour les prestations SSI sont plus compliqués mais sont encore pires. La moitié des bénéficiaires de SSI sont également bénéficiaires de la sécurité sociale. Ce sont des personnes dont les prestations de sécurité sociale sont encore plus faibles que les maigres prestations SSI. Pour ces pauvres personnes âgées et handicapées, SSI apporte non seulement un peu d'argent, mais aussi l'éligibilité à Medicaid, qui paie les frais médicaux non couverts par Medicare. Ces dépenses comprennent les primes, les franchises (maintenant 1 156 $ pour une hospitalisation) et d'autres frais partagés. Si le passage à un autre indice des prix ralentit la croissance des prestations SSI, certains qui sont désormais éligibles perdraient leur éligibilité SSI. Étant donné que l'admissibilité à Medicaid dépend souvent de l'admissibilité au SSI, certaines personnes disposant de moyens très modestes devraient brutalement faire face à une forte augmentation des frais médicaux remboursables. Si, comme les deux parties en sont convenues, les pauvres devraient être épargnés par la réduction excessive du déficit, les prestations SSI ne devraient pas être réduites.

M. Boehner a maintenant accepté la vérité, reconnue depuis longtemps par les analystes budgétaires, que des impôts plus élevés doivent faire partie de tout programme de réduction du déficit politiquement viable et de tout ensemble pour éviter de franchir la falaise budgétaire. Le passage à l'indice de prix alternatif pour ajuster la déduction standard, les exemptions personnelles et les largeurs de tranches générerait des revenus supplémentaires dans l'éventail des revenus. Dans ce cas, l'amélioration de la précision technique atteint un objectif fondamentalement nécessaire.
Donc, l'essentiel est que l'application de l'indice de prix alternatif uniquement à la sécurité sociale est une mauvaise idée. Son application à l'impôt sur le revenu est constructive. Et épargner les destinataires SSI de l'index alternatif est vital. Si l'indice de prix alternatif est appliqué à la sécurité sociale et aux impôts, mais pas au SSI, et si un tel paquet est le ciment qui permet un accord sur des mesures pour résoudre les incertitudes profondément dangereuses de la «falaise budgétaire» auxquelles le Congrès est maintenant confronté, alors c'est une pilule peu recommandable à avaler.