jeudi 26 avril 2012

Marseille, toujours chaude

Dans quelques mois, en 2013, Marseille deviendra capitale européenne de la culture. La ville sera sous le feu des projecteurs et elle est stressée. Elle sait qu’elle n’a jamais été aussi sale et aussi corrompue depuis les années 1930. En 2013, les médias du monde entier viendront ausculter la deuxième ville du pays et une fois visitées les calanques en promène-journalistes et avalée une mauvaise bouillabaisse, ils s’attarderont forcément quelques instants sur les effluves de pourri qui s’échappent de ses entrailles. Il y a ici un côté Venise pour l’enfoncement, Naples pour l’emprise économique mafieuse et grec pour l’endettement et la corruption administrative. C’est donc en ces termes que risque d’être vue la ville. Heureusement, ils n’auront pas le temps de s’y attarder ni même d’y prendre le métro. Ici, les bus s’arrêtent à neuf heures et le métro ne pousse jusqu’à minuit que les soirs de match.  Ici, on compte les morts mais qui a songé une fois à estimer le pourcentage de fonctionnaires et de policiers corrompus ? Rien que dans l’affaire Guérini/Barresi (car c’est le même dossier), une quinzaine au moins ont été interrogés et bon nombre mis en examen. Si le juge Duchaîne a travaillé avec des gendarmes pour enquêter sur les Guérini et si le juge Dorcet a tenu à l’écart la police judiciaire locale lorsqu’il a repèré les parrains locaux en fuite Barresi et Campanella, c’est par peur des fuites, pas par manque d’effectifs.

Ici, l’information vaut le double d’une kalachnikov. Ici, il y a des flics qui participent à des go fast, j’en ai croisé un aux dires d’une source de confiance. Ici, un fils de député de droite a payé au moins une fois ses consommations de bar avec des faux billets, je le tiens du barman qui a eu le culot de lui refuser malgré sa menace : “Tu sais qui c’est mon père ? Il peut te faire fermer !”  Lorsqu’ils viennent, les journalistes parisiens foncent caméra au poing à la préfecture entendre le préfet de police du moment (le quatrième sous le mandat de Sarkozy) commenter le dernier mort par kalachnikov (en vente libre dans les quartiers Nord pour 500 euros, munitions non comprises). 20 morts en 20 mois. Des morts aux noms imprononçables, des morts comme les médias les adorent, parce qu’ils leur permettent de radoter sur les quartiers Nord, les cités, les dealers. Ici, l’Histoire est tenue à jour au truand abattu près (une colonne pour les Corses, une autre pour les Arabes qui ne se font pas seulement la guerre entre eux) mais pour dresser le contexte, le décor habituel fait l’affaire, expédié en quelques images ou clichés d’archives. Ici, on compte les morts mais qui a songé une fois à estimer le pourcentage de fonctionnaires et de policiers corrompus ? Rien que dans l’affaire Guérini/Barresi (car c’est le même dossier), une quinzaine au moins ont été interrogés et bon nombre mis en examen. Si le juge Duchaîne a travaillé avec des gendarmes pour enquêter sur les Guérini et si le juge Dorcet a tenu à l’écart la police judiciaire locale lorsqu’il a repèré les parrains locaux en fuite Barresi et Campanella, c’est par peur des fuites, pas par manque d’effectifs. Ici, l’information vaut le double d’une kalachnikov. Ici, il y a des flics qui participent à des go fast, j’en ai croisé un aux dires d’une source de confiance. Ici, un fils de député de droite a payé au moins une fois ses consommations de bar avec des faux billets, je le tiens du barman qui a eu le culot de lui refuser malgré sa menace : “Tu sais qui c’est mon père ? Il peut te faire fermer !”

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