mercredi 29 avril 2015

L'or des Mongols

Un territoire vaste comme trois fois la France et moins de trois millions d'habitants ; un sous-sol incroyablement riche encore sous-exploité : en voie d’émergence, la Mongolie offre aux entreprises mondiales une scène où rejouer la conquête de l’Ouest en version extrême orientale. Rares sont les compagnies à se poser à l’aéroport Chinggis Khan de Oulan Bator, qui ne voit atterrir comme pavillons internationaux que ceux d’Areoflot, d’Air China, de Korean Air et de Turkish Airlines. Depuis Paris, les voyageurs d’affaires doivent donc transiter par Moscou, Pékin, Séoul ou Istanbul pour rejoindre la Mongolie. Autre possibilité, emprunter les lignes du transporteur national MIAT, qui offre une desserte d’Oulan Bator depuis Berlin à raison de deux vols par semaine. En été, la compagnie propose également des vols vers la Mongolie depuis Francfort. Cependant les choses évoluent, et le transporteur mongol Hunnu Air a exploité tout l’été dernier une ligne directe entre Paris CDG et Oulan Bator avec deux vols hebdomadaires, les lundi et vendredi. Cette initiative devrait être reconduite en 2015, voire étendue sur une plus large période. Des paysages sublimes, des steppes sans fin ponctuées de yourtes, un peuple baigné de chamanisme : c’est ça, la Mongolie, dans l’inconscient collectif. Un pays où les touristes viennent s’évader sur les traces de Gengis Khan en été, car l’hiver, la température dépasse rarement les – 20° à Oulan Bator, la capitale la plus froide du monde. Les grandes multinationales mondiales rêvent aussi de Mongolie, mais plutôt dans un genre “psychologie des profondeurs”. Une approche terre à terre qui s’explique facilement?: le sous-sol du pays a des airs de nouvel Eldorado. Quasiment inviolées, ses réserves d’or, de cuivre, de charbon comptent parmi les plus riches au monde. Si 6000 gisements seraient encore inexploités, les grands travaux ont commencé. Le groupe minier Rio Tinto a conclu un partenariat avec le gouvernement mongol pour exploiter le gisement de cuivre et d’or Oyu Tolgoï, littéralement, “la colline turquoise”. Ce projet de près de six milliards de dollars a débuté l’an dernier au sud du désert de Gobi. Lorsque l’extraction tournera à plein régime, en 2021, il pourrait constituer 4% de la production mondiale de ces deux minerais et la moitié des exportations du pays. “Oyu Tolgoi sera un contributeur vital au développement économique de la Mongolie”, expliquait en 2012 Andrew Harding, directeur général de Rio Tinto Copper. Autre chantier d’envergure en pleine expansion, Tavan Tolgoï, les “cinq collines”,?une des plus grandes mines au monde de charbon à ciel ouvert qui approvisionne la Chine voisine.