mardi 17 mars 2015

Pendant que les banques achètent de l'or

Le monde va peu à peu dans le mur, la crise s'installe presque partout, et pendant ce temps, les banquiers se ruent sur l'or. « Gold is a currency. It is still, by all evidence, a premier currency. No fiat currency, including the dollar, can match it. (L’or est une monnaie. Et c’est toujours, jusqu’à preuve du contraire, une monnaie de premier choix. Aucune autre monnaie fiat, y compris le dollar, ne peut lui rivaliser.) » C’est ce qu’a déclaré Alan Greenspan, fin octobre, lors d’un passage remarqué à New-York au Council On Foreign Relations. De la part d’un ex-directeur de la Fed américaine, voilà qui donne du grain à moudre au sujet de l’or. Il n’y a d’ailleurs pas vraiment besoin de ces déclarations assez iconoclastes de la part d’une personne qui a passé presque 20 ans dans une institution basée sur la monnaie fiat, pour se rendre compte que ce qui se passe actuellement sur le marché de l’or est particulièrement troublant. Si l’on peut passer rapidement sur les mouvements sporadiques étranges du marché de l’or « spot » apparus dernièrement, en mettant cela sur le compte d’algorithmes boursier facétieux, ou d’erreurs humaines rigolotes et qui donnent lieu à de jolis graphiques comme ci-dessous, il n’en reste pas moins que d’autres mouvements, bien moins sporadiques, bien plus profonds, sont apparus depuis ces derniers mois, mouvements qui laissent penser que certains refusent obstinément d’admettre une fois pour toute que l’or est une relique barbare, zut à la fin. Bien sûr, je pourrais ici rappeler, comme je l’ai fait à de nombreuses reprises, que ce marché est particulièrement bidouillé, ce dont quelques articles de presse se font l’écho ces derniers jours suite à une recherche académique qui a ainsi montré qu’au moins 50% du temps, la détermination du prix de l’or fixé à Londres était manipulé par les cinq grandes banques qui participent à ce « fixing » (Deutsche Bank, HSBC, Barclays, Bank of Nova Scotia, et Société Générale). Mais ces éléments, aussi déterminants soient-ils pour comprendre à quel point on tente de tenir le grand public à l’écart de l’or, ne forment qu’un intéressant décor pour ce qui se passe au niveau des États et de leurs banques centrales. Ainsi, depuis plusieurs années maintenant, la Banque Centrale chinoise achète massivement de l’or. Si l’on s’en tient aux chiffres officieux (les officiels étant, de l’aveu de tous ceux qui suivent un peu les marchés mondiaux de l’or, particulièrement sous-estimés), les Chinois disposeraient de plus de 3000 tonnes d’or dans leurs coffres, ce qui les placerait parmi les nations les mieux fournies, derrière les États-Unis dont le stock officiel n’a plus été audité depuis quatre décennies. De la même façon, le stock russe n’a pas arrêté, lui aussi, de grimper avec des achats réguliers et conséquents de métal jaune.